La Gazette d'Heresgvelt - petites annonces

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URGENT

Collectionneur avisé recherche lame ou épée elfique en bon état.
Ouvert à toutes propositions de prix.
Adresser offres au quartier général de l'ordre des Chevaliers Noirs,
ou jardins du palais, ou encore porte de l'enceinte du palais.
Demander "Raven".

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*Le lendemain, une note parvient de bon matin à Raven.*

Bonjour,
J'ai en ma possession non pas une mais deux lames elfiques. Ceci dit, je ne suis pas prêt à céder ces armes de collection si facilement. Je suis un grand amateur de culture elfique et j'attend donc une proposition de votre part qui pourrait compléter mes connaissances ou ma collection de cette si belle race. J'attend une réponse de votre part,
Valruss Silfigrim

* L'adresse est également jointe à la note afin de laisser l'opportunité de répondre. Il semble que l'individu en question habite près de l'académie de magie.*

Raven qui, la veille, avait traversé la ville en long, en large et en travers afin de faire le tour des armureries, était encore exténué. Puis ce n’était pas les récents évènements qui avait arrangé son état de fatigue fallait-il avouer. L’elfe avait encore les traces de sa dernière visite dans les bas-fonds bien visible sur son visage. Il enrageait encore lorsqu’il repensait au mage rouge qui avait détruit son épée ! Lui… Si il le croisait, il ne répondrait plus de rien ! Il était donc d’humeur maussade en ce jour plus maussade encore. Les nuages ne se levaient-ils donc jamais dans cette contrée ? Et ces étranges choses dans le ciel… Tout cela lui pesait et il regrettait les voutes claires de sa foret natale.
Il se dirigea néanmoins dans les jardins du palais, un endroit agréable au milieu de toute la masse grouillante de cette cité. Il allait s’asseoir sur un petit banc de pierre isolé lorsqu’on lui apporta un message. Bon sang ! Une réponse à son annonce ! L’elfe reparti en trombe vers sa chambre ; il n’adresserait pas de réponse, il s’y rendrait directement. Le temps de passer sa cape, de se munir de l’épée qu’il avait emprunté à Riseldiev et de rabattre sa capuche après s’être coiffé de façon à camoufler ses oreilles , et il était parti. Il demanda des précisions sur le quartier où se trouvait l’adresse sur la note au garde en faction à l’entrée et s’y rendit le plus vite qu’il lui fut possible.
Après avoir traversé les rues encombrées de populasse de toute sorte, il arriva enfin à proximité de l’académie de magie et toqua à la porte répondant à l’adresse indiquée.
Qui diantre était donc ce Valruss Silfigrim ? Etait-ce un de ces vieillards d’académiciens qui étaient si prompts à l’insulter et le regarder de haut ?

La bâtisse était assez haute, comportant trois étage et disposant d'un jardin. Avant même de frapper à la porte, Raven avait pu contempler différentes gravures sur cette dernière représentant des grands arbres elfiques, ainsi que des elfes et leurs demeures.
Rapidement, un homme d'une quarantaine d'année à l'air de hibou ahuri vint ouvrir la porte. C'était un personnage particulier, fort amusant si l'on avait un sens de l'humour. Sa robe bleu représentant son appartenance à l'académie de magie était maculé de diverses tâches de boue séché et son visage faisait presque penser à un satyre tel que les contes elfes se plaisaient à les représenter. En vérité, le long bouc éparpillé de l'individu semblait plus ridicule qu'autre chose et ses oreilles décollées n'adoucissaient pas un visage trop étroit. A vue d'oeil, il devait s'approcher du mètre soixante-cinq.

" Ah, magnifique ! C'est vous ! Je me doutais que vous étiez un demi-elfe. Pas beaucoup d'autres locaux s’intéressent aux elfes, vous savez. Vous pouvez entrer, bienvenue chez moi !"

*Il semblait particulièrement excité. Sa voix ne cessait d'hésiter entre l'aigu et le grave, comme un adolescent en pleine période de mue. En tout cas, il avait immédiatement remarqué quelque chose d'elfique en Raven...avec un peu plus d'observation, il pourrait sans doute...*

" Oh par le fondateur...ces traits...si purs...ce ne sont pas ceux d'un demi-elfe...seriez-vous...Non, c'est impossible..."

* L'elfe pouvait sentir le souffle de l'homme sur son visage. Ce dernier s'était rapproché un peu plus afin de l'observer de plus près, les yeux tout écarquillés, l'air presque halluciné.*

Tro… trop près, l’érudit était trop près là. Raven se recula, regardant l’homme hiboux qui lui faisait face un peu de haut il est vrai.

« Valruss Silfigrim je suppose. Puisque vous semblez perspicace, je ne vous ferez pas l’affront d’essayer de dissimuler ma nature. Je me prénomme Ràna Wilwarin, mais vous pouvez m’appeler Raven. »

L’elfe ôta donc sa cape et dégagea ses oreilles avant d’aller s’asseoir sur un fauteuil sans en demander la permission à son hôte. Tout dans son attitude actuelle reflétait son appartenance à l’ancienne race sylvestre.

« Pourrais- je voir vos lames ? Je pense être en mesure de vous éclairer sur certains points culturels en retour. Quand à une compensation financière, je devrais aussi être en mesure de m’acquitter de cette formalité. »

Il fit un sourire doux et aimable à l’homme, qui il est vrai, avait une allure plutôt comique. Aussi, le rictus habituel du rôdeur ne tarda pas à revenir sur ses lèvres.

Le visage de Valruss s'illumina. L'on aurait dit qu'il venait d'assister à un miracle, une révélation divine. Après de nombreuses secondes, l'homme hocha la tête, un large sourire s'inscrivant sur ses lèvres.

« Des questions...cela me suffira amplement...une de mes lames contre mes questions...je pense que oui...c'est...le plus beau jour de mon existence, Seigneur elfe ! Le plus beau jour vous dis-je ! Rien ne peut exprimer ce que je ressens...je...ne bougez pas ! Je vais chercher les lames !»

ll revint bien vite, posant sur sa grande table deux armes enveloppés dans un tissu pourpre. Presque cérémonieusement, il mit les lames à nu.

« Voici deux lames elfiques. La première est un trophée de guerre des croisades d'Arkh lors des anciens temps. Depuis, cette lame est passée entre de nombreuses mains. La personne à qui je l'ai récupéré avait de graves soucis financiers et ne témoignait d'aucun intérêt pour les armes ou la culture elfe. Je peux assurer que je me suis quasiment ruiné pour le lui racheter !»

Il ne mentait sans doute pas. Une puissante aura magique bleutée visible à l’œil nue filtrait à travers la première lame elfique. La pièce elle même semblait s'être refroidie de plusieurs degrés depuis que les deux armes avait été dévoilées.

« La seconde lame..la seconde...m'a été donné par un demi-elfe qui ne désirait plus l'utiliser. Il disait qu'elle se nommait Vengeance. Mes capacités magiques m'ont permis de l'identifier comme particulière mais...je n'ai jamais pu savoir en quoi.»

Raven, lui, ne comprenait que trop bien. La lame l'appelait, elle chantait son nom en elfique. C'était un drôle de son, une mélodie pleine de sens et sans nul doute imperceptible par Valruss. Un lien psychique s'était noué entre le rôdeur et l'arme qu'il avait sous les yeux.
La lame faisait écho à certains sentiments de l'elfe. C'était une promesse de vengeance, une expression de colère, une assurance de puissance qui s'offrait à lui. Elle pensait avoir trouvé un propriétaire capable de saisir sa véritable nature et de l'utiliser, plus que cela, de la déchaîner. Il n'y avait nul besoin de mots pour que Raven sache tout cela.

Valruss dévoila les lames et en cet instant précis, l’elfe sut que ce jour était particulier. Particulier, car à la vision de la seconde lame, Vengeance, il sut que ce jour faisait sa chance, et peut être plus encore son infortune. La lame était puissance, la lame était courroux, la lame était vivante. Et celle-ci l’appelait déjà, le pressant de s’emparer d’elle, de l’essayer, de laisser libre court à ses instincts meurtrier. Elle serait difficile à maitriser, devait-il même songer à espérer une telle chose ? Mais il s’était levé depuis quelques instants déjà, et caressait du bout des doigts la lame froide et brillante, comme hypnotisé par celle-ci. Il se rendit compte de l’état dans lequel il était et se repris non sans mal. S’arrachant à la contemplation de l’objet maudit, il se raccrocha au regard de l’actuel propriétaire.

« Voilà qui est… Cela me laisse sans voix à vrai dire. De telles armes ici… Je n’en espérais pas tant. Savez-vous les trésors que vous possédez ? Une lame de givre de grande puissance, quand à celle que vous appelez Vengeance… Il s’agit sans doute d’une lame fort puissante et maudite, je le crains. Une telle arme entre mes mains serait fort dangereuse, mais je n’ose imaginer si elle tombait entre des mains pires encore. »

Son regard était à nouveau accaparé par la lame. Il lui brûlait de la prendre en main, juste pour l’essayer… Cela serait si facile, il n’avait qu’à entourer la poignée de ses doigts fins, de soulever l’arme, de faire chanter le son clair du métal dans l’air…

« Qu’elles sont vos questions Sire Silfigrim ?! » dit-il de façon abrupte tout en remettant le voile sur les deux épées.

Valruss resta déstabilisé quelques secondes par la réaction de l'elfe envers la seconde arme. Apparemment, il y'avait en cet artéfact une puissance qui parlait définitivement à l'immortel. Il ressentit une pointe de jalousie à l'idée que pendant tant d'années, rien ne lui avait permis de percer les mystères de la lame. Il devait se rendre à l'évidence, cette dernière ne devait s'adresser qu'aux elfes.
L'entrain de Valruss lui revint rapidement. Il ne releva pas le ton abrupt de Raven tant l'idée de pouvoir poser ses questions l'excitait. On aurait dit un petit enfant frétillant sur place, incapable de garder son calme à la vue d'un cadeau encore emballé.

"Oh oui, mes questions. J'espère ne pas en poser plus que de raison !"

Il toussota avant de laisser s'échapper de ses lèvres un flot discontinu d'interrogations.

"Combien reste t-il d'elfes dans le domaine ? Est-ce vrai que des arbres d'éternité ont pu survivre aux croisades d'Arkh ? Les vôtres sont-ils toujours immortels ? Savez-vous pourquoi tant d'elfes ont une si grande affinité avec la magie innée ? Quelle est votre vision du monde actuel ? Les elfes ont-il un lien avec les ruines de chante-trombe récemment découvertes ? Pensez-vous que vos dieux sont les créateurs du monde ? Est-il possible de voir un jour nos peuples s'entraider ? Vous pouvez me signer ce parchemin ?"

Raven haussa un sourcil devant ce flot de questions. Il s’était attendu à recevoir pas mal de questions certes, mais déclamées de façon si… rapide. Ils avaient pourtant bien assez de temps pour converser, la journée n’étant pas encore trop entamée.

« Eh bien, nous sommes encore assez nombreux pour une communauté qui s’est coupée du monde il y a plusieurs siècles de cela. Je ne puis vous donner de chiffre exact, tout comme je ne peux vous parler de nos arbres, j’en suis désolé… Quant à notre immortalité, quel âge me donneriez-vous ? »Il lui fit à nouveau un sourire aimable, attendant qu’il lui réponde.

« Nous avons une certaine affinité avec la magie que vous qualifiez d’innée, c’est vrai. Mais je ne saurai trop vous expliquer pourquoi. Je ne suis pas le plus à même de répondre, n’étant guère trop en rapport avec tout cela. Cependant, certaines de nos familles ont reçues des dons, d’autres auraient compté des unions… extra-elfique. D’autres parlent encore de bénédictions de nos Dieux. Il y a de nombreuses théories et débats sur ces sujets. » Il laissa un instant de silence, observant avec attention le vieil homme.

« Quant aux ruines dont vous avez parlé, je ne sais de quoi vous parlez. Mais je serai ravi d’en apprendre plus sur ce sujet… Par contre, quel est ce parchemin ? »

Il pointa du doigt le parchemin qui l’intriguait tant. Pourquoi vouloir un paraphe de sa part ? A quoi cela lui servirait-il ?